Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/139

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mettre la promiscuité des femmes qu’Enfantin voulait imposer à ses disciples.

La scission faite, il ne resta plus au « Père » que quarante fils soumis à son interprétation personnelle de la doctrine. Tous le suivirent à Ménilmontant, acceptant de se livrer aux travaux manuels en chantant. Félicien David composa la plupart de ces chants du travail. Raymond Bonheur, père de Rosa Bonheur, dessina les costumes de ces étonnants « ouvriers ». Coiffés du béret, ils portaient la dalmatique bleu clair, et chacun d’eux ayant son nom écrit sur son gilet, ils pouvaient ainsi s’interpeller et se reconnaître sans courir le risque de se tromper. Enfantin était vêtu d’une robe écarlate serrée par une ceinture violette avec le mot « Père » écrit sur la poitrine. Un large collier fait d’anneaux de métal pendait au cou du « Père ». Chaque anneau représentait symboliquement l’un de ses fils. Au moment de la séparation définitive de Jean Reynaud, de Carnot, de Bazard et d’Olinde Rodrigues, Enfantin fit briser quatre anneaux de son collier.

La galerie dans laquelle les frères se réunissaient à Ménilmontant pour le travail, était de plain-pied avec un jardin qu’ornaient de grands et beaux arbres. Une longue table, des bancs, composaient tout le mobilier de la salle où travaillaient de leurs mains ces quarante jeunes hommes, la plupart lauréats des grandes écoles.