Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/140

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On connaît le programme saint-simonien : éducation pour tous ; égalité des sexes ; à chacun suivant sa capacité et selon ses œuvres ; affranchissement de la femme ; suppression de l’héritage ; communauté des biens ; destruction de la famille.

Au moment où Lambert-bey et Arlès-Dufour m’avaient invitée à leur banquet, je m’étais rappelée l’irruption d’un Messie-femme un jour à Ménilmontant.

« Elle entra, disent les chroniques saintsimoniennes, vêtue d’un voile bleu, jeune, jolie, étrange, prononçant ces simples mots : « J’attends. »

« On lui amena un vieillard ; elle le refusa, disant qu’il n’avait pas la fougue ; un jeune homme ; il lui parut qu’il n’avait pas la foi. Mais une mère se précipite furieuse et emmène sa fille en la brutalisant. »

M’eût-on présenté le vieillard et le jeune homme ?

On sait la fin de l’épopée « Enfantine». La presse couvrait d’injures les « quarante », les dénonçant, leur prêtant tous les vices. Le Père Enfantin et ses fils eurent à se défendre, un jour, devant la justice, des crimes dont on les accusait. Les « quarante » défilèrent dans les rues vêtus de leur costume, chantant les chants de Félicien David. On les hua ; mais c’étaient des apôtres, et le ridicule ne les atteignait pas.

Enfantin fit quelques mois de prison et fut