Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/176

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Reçue par le roi Victor-Emmanuel, elle vit Cavour, et ses récits ajoutèrent à notre intérêt passionné pour l’Italie une.

L’allocution à M. de Hübner portait ses fruits. Tous les rapports s’aigrissaient entre l’Italie et l’Autriche. La situation extérieure de la France se tendait de plus en plus. À l’intérieur, les soutiens de la loi de Sûreté Générale, qui n’avaient cessé de triompher depuis la mort d’Orsini, perdaient peu à peu du terrain. Les propres ministres de Napoléon III, inquiets de ses projets, lui reprochaient publiquement de n’avoir pas d’esprit de suite en politique, parce qu’il tentait de supprimer quelques anneaux de la chaîne qu’ils avaient rivée.

Une guerre populaire, désirée par l’opposition, que « les Cinq » proclamaient devoir relever le prestige de la France, avait une attraction de plus en plus grande pour Napoléon III. Nous étions devenus, nous, sans une réserve, italianisants. Seul, M. Thiers se dressait contre la politique des nationalités, qu’il déclarait funeste.

« Le Piémont sera anglais, répétait-il, et nous verrons se renouveler l’ingratitude des Etats-Unis. »

On colportait les prédictions de M. Thiers et l’on ajoutait en souriant : « Il baisse ! »

M. Thiers conseillait publiquement à Napoléon III de surseoir à la question italienne, de s’unir à l’Autriche ; il disait à tous venants :