Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/222

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citadine, je considérais comme les jours heureux de ma vie ceux vécus dans mon village de Blérancourt ; George Sand me répondit :

« Faites donc quelque chose sur vos souvenirs de cette époque pendant qu’ils sont tout frais. Votre titre est trouvé : Mon village. »

J’y songeai alors et je commençai Mon Village, mais il me restait la crainte de ne pouvoir être éditée par un grand éditeur, ce qu’on me disait être nécessaire pour mon prochain livre.

C’est chez Mme  Vilbort que je rencontrai un jour Hetzel, retour d’exil. J’avais raconté à mon amie mon chemin de croix chez les éditeurs et elle connaissait la réponse d’Hetzel datée de Bruxelles où il était alors.

« Si votre livre est bon, vous devez vous moucher dans un mouchoir à carreaux, priser, etc. »

Mme  Vilbort, sachant qu’elle allait recevoir une après-midi la visite d’Hetzel, m’écrivit de venir « nous amuser ».

J’arrivai bien entendu la première. J’enlevai mon chapeau pour avoir l’air d’être de la maison. Nous devions ne nous appeler que « cousine ». Hetzel entra. Mme  Vilbort étant bruxelloise, il lui apportait des nouvelles de sa famille. Je ne disais mot, Hetzel me regardait.

« Ma cousine et moi, reprit à un moment Mme  Vilbort, comme si elle trouvait inutile une présentation.

— Voulez-vous me présenter à mademoiselle, demanda tout à coup Hetzel.