Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/225

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tique d’un caractère respecté et un écrivain de grande valeur sous le nom de P.-J. Stahl.

Rédacteur au National, il fut nommé, en 1848, chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, puis secrétaire général du Pouvoir Exécutif, sous Cavaignac, dont il devint l’ami le plus dévoué. Hetzel ne devait plus retrouver, au retour d’exil, celui qu’il n’avait cessé d’appeler son chef, le général Cavaignac, mort à la chasse de la rupture d’un anévrisme en 1857.

On citait Hetzel parmi les causeurs célèbres les plus spirituels, avec Henri Rochefort, Edmond About, Aurélien Scholl, Edmond Texier, d’Ennery. Comme écrivain, son talent était très supérieur à sa réputation. Sainte-Beuve avait souvent répété dans ses Causeries du Lundi qu’il le classait parmi les premiers conteurs de notre temps. Mérimée disait très haut que dans le récit des aventures humoristiques, P.-J. Stahl était supérieur à Dickens.

Ses mots couraient tout Paris. Dès qu’on les avait entendus, ils vous venaient aux lèvres avec tant d’à-propos qu’on les répétait, faisant ainsi leur fortune. Le « comme dit Hetzel » devint fréquent après l’amnistie dans notre milieu.

Il lisait lui-même les manuscrits et avait, dans sa longue carrière d’éditeur, appris à résumer tant d’ œuvres d’un mot, qu’il jugeait un homme de la même façon qu’un livre et gravait d’un trait définitif son caractère et sa vie.