Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/244

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teurs : « L’Empereur s’affole et recherche une popularité qui l’achèvera. » Les ministres et les évêques étaient à couteau tiré. Pie IX, le 1er  janvier, avait flétri la brochure Le Pape et le Congrès, par ces mots : « C’est un monument indigne d’hypocrisie et un tissu ignoble de contradictions. »

Nous, républicains, nous buvions beaucoup de lait. Nous devenions anti-cléricaux enragés, sans pour cela être moins anti-impérialistes. Il s’éloignait de plus en plus de nous, le temps où les républicains de 1848 faisaient bénir les arbres de liberté et reconnaissaient Jésus et l’Évangile comme les inspirateurs de leur formule : liberté, égalité, fraternité. Nous demandions à grands cris la dissolution de la société de Saint-Vincent-de-Paul, qui, nous en étions convaincus, faisait courir à la France les plus graves dangers.

Le positivisme de Littré, plus encore que celui d’Auguste Comte, avait détaché les francs-maçons du Grand Architecte de l’univers. L’Empire soufflait l’agitation anti-cléricale dans les loges et trouvait au fond de l’âme des foules les suspicions contre les prêtres qu’y avait, peu à peu, fait pénétrer le Juif-Errant. Le Siècle, qui tirait à trente mille exemplaires, chiffre considérable alors, secrètement dévoué par son directeur, M. Havin, à M. de Morny, cultivait chez ses abonnés, épaves du parti républicain de 1848 en province, les vieilles idées voltai-