Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/324

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Nefftzer ne s’exalte et s’emporte que dans les discussions religieuses. Challemel-Lacour m’a raconté que Peyrat et lui, à la brasserie Kusler, se mesurent sur ce terrain en des luttes violentes. Ils frappent à grands coups de poing sur les tables, et les chopes tremblent et tressautent, tandis que les deux combattants se jettent des textes à la tête.

J’étais allée, au commencement du mois, au Théâtre Lyrique, à la représentation de la Statue, avec les Vilbort. L’œuvre est d’un jeune compositeur, Reyer, auquel Mme Vilbort trouve de l’avenir, quoiqu’il soit Français. A-t-on idée de l’insolence de ces wagnériens ? C’est à les prendre en haine violente. Saint-Victor est là avec Lia Félix, et ne bouge pas de sa place, quoiqu’il m’ait aperçue. Gautier est encadré par ses deux jolies filles. Judith, admirable de beauté, l’autre charmante. Berlioz, qui daigne venir me saluer, est plus tragique que jamais. Il tombe bien en me disant devant Mme Vilbort :

« Etes-vous fière maintenant d’avoir placé tant de billets pour les concerts du Monsieur du Tannhauser ? »

Mme Vilbort va répondre. Je la supplie des yeux de se taire. Quand Berlioz est sorti de la loge :

« Vous avez eu tort de m’empêcher de dire à un tel musicien, aussi partial, que je suis une assidue de Weimar et puis admirer à la fois le