Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/325

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grand Berlioz et le grand Wagner, et j’ajoute, cousine, que Berlioz ne sera vraiment grand pour la foule que quand Wagner le sera pour cette même foule.

— Avec le caractère de Berlioz, ma chère amie, je vois d’ici la réponse et l’algarade, répliquai-je ; j’aime autant n’en avoir été ni la cause ni le témoin. »

Mme d’Agoult est revenue. Nous nous retrouvons tous groupés autour d’elle. Comme elle a manqué à ceux qui n’ont pas comme moi quitté Paris ! Que Paris m’eût semblé désert sans elle !

Parmi les musiciens que je connais, Berlioz n’est pas le seul incompris. Je suis liée avec Louis Lacombe, chez lequel j’ai été conduite, il y a plusieurs années, par mes amis Adam-Salomon. Louis Lacombe est écrivain, poète, compositeur. Très enthousiaste, mais aussi très timide, jamais il ne saura s’imposer. Sa femme, d’une intelligence et d’un dévouement rares, l’y eût aidé, mais elle est atteinte d’une maladie mortelle.

On a pu croire un moment, lorsque le grand chœur patriotique des Cimbres et des Teutons fut joué par cinq mille exécutants avec un succès énorme, que les portes de l’avenir étaient enfin toutes grandes ouvertes à Louis Lacombe.