Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/327

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pement, synthèse, humanité. L’infiniment grand, à cette époque, préoccupait, autant que plus tard l’infiniment petit ; mais on embrassait trop pour bien étreindre.

Le pauvre Louis Lacombe venait de souffrir mille morts. On avait représenté avec un insuccès dû à des circonstances navrantes sa Madone. À partir de ce moment, tout lui fut fermé. Pourtant on le savait, on le disait, plusieurs de ses œuvres : Chants de la Patrie, Au pied d’un Crucifix, d’admirables mélodies religieuses, le Songe de Jeanne d’Arc, ses opéras : Vinkelried, qui souleva plus tard des applaudissements frénétiques à Genève, sa Reine des Eaux, étaient des œuvres d’une haute valeur, faites pour consacrer le nom d’un grand artiste.

Nous étions un certain nombre de fidèles qui aimions à entendre Louis Lacombe, à l’applaudir, et nous montions, sans que l’un de nous manquât, dans le quartier Saint-Georges, lorsqu’il donnait une soirée musicale, heureux de lui prouver notre admiration et d’adoucir un peu son amertume. La famille Kestner, très musicienne, était de toutes ces réunions. Mme Floquet, encore jeune fille, avait, comme toutes les élèves de Lacombe, voué au doux et malheureux maître un culte qui le consolait de l’indifférence du public. Louis Énault, très attaché à Lacombe, lui amenait ses amis des lettres, qui, lorsqu’ils l’entendaient jouer ses œuvres, répétaient : « Comment un tel talent