Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/331

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surabondait. Edmond Texier ne pouvait plus parler de Challemel sans s’écrier : « Ce qu’il a d’esprit, ce pince-sans-rire ! Il nous dégoterait tous, si l’envie lui en prenait. »

Nefftzer veut avoir Challemel-Lacour pour collaborateur, Ronchaud est dans la joie comme lorsqu’il entend louer l’un de ceux qu’il aime. M. de Girardin montre de l’impatience dès qu’on lui parle de Challemel, et prétend que ses conférences fourmillent d’allusions politiques. Il faut croire que M. le ministre de l’Intérieur en juge de même, car il nous enlève notre « régal ».

« Je me doutais bien, dit Mme  de Pierreclos, que ceux qui nous gouvernent me supprimeraient mon ambroisie. Ces gens-là ne connaissent que les pommes cuites. »

Mme  d’Agoult reçoit de l’un de ses amis de Turin une lettre désolée. Elle nous en fait part. Cavour est à toute extrémité ; les médecins italiens le tuent. Ce sont des barbiers. Ils l’ont déjà saigné quatorze fois. Hélas ! on saigna Cavour trois fois encore, et il mourut le 6 juin.

« C’est un très grand, un très irréparable malheur que cette mort, nous dit Mme  d’Agoult. Sans doute, les récoltes d’Italie continueront à se faire, car elles sont mûres, mais on n’en cueillera ni on n’en conservera les fruits avec autant de prévoyance et d’art.

« Et voyez , ajoutait Mme  d’Agoult , comme suite à cette conversation , vers la fin de ce même mois,