Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/333

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— Est-ce qu’on vous avait envoyé là pour réveiller le fanatisme religieux ? reprit Dupont-White avec gaîté. Je sais que c’est le prince Napoléon qui vous a fait donner la seconde mission ; alors je me dis que vous alliez plutôt là-bas pour vous entendre avec les infidèles. Votre prince et vous, vous êtes les deux plus beaux spécimens d’incroyants qu’il y ait de par le monde.

— Mais le prince Napoléon est déiste, répliqua Renan.

— Tant mieux, très bien et vous ?

— Moi… (Il hésita.)

— Vous, Renan, dit Tribert, vous êtes chercheur de divines inspirations… littéraires !

— Je dis volontiers : « Mon Dieu ! » repartit Renan ; de cela à ouvrir les yeux pour croire…

— Ah ! que c’est bien de vous cette réponse, affreux sceptique, ajouta Dupont-White.

— Et bien de vous, l’étonnement, Dupont-White, le catholique.

— Pardon, le chrétien ! »

Littré, qui rêvait, nous dit avec son bon sourire :

« Je ne vois pas bien Renan prêchant une croisade en Syrie ou ailleurs.

— Il n’y a pas de danger ! » conclut Tribert qui plaçait volontiers une locution populaire.

Quel ami que ce Ronchaud ! C’est lui qu’à chaque instant m’envoie Mme d’Agoult pour m’inviter ici et là, à ceci, ou à cela. Son