Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/334

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amitié est persévérante, égale, sûre. Il vient de terminer un beau livre : Phidias, sa vie et ses œuvres. Il me l’apporte.

« Ronchaud, je ne vais pas le lire, je vais le dévorer, ce Phidias ! En dehors de l’intérêt passionnant qu’a sur moi le maître des maîtres, quelle joie de trouver sur lui des vues nouvelles, sachant avec quel respect, avec quel amour elles ont été cherchées ! Il faut que je vous raconte l’un de mes rêves, sur Phidias, Ronchaud. Je discourais avec un prêtre d’Éleusis, évoqué par moi, et pour moi ressuscité, je lui demandai s’il croyait que Zeus était intéressé à l’œuvre de l’immortel Phidias. « N’en doutez pas, me dit-il, mais, arraché à mon sommeil, je vois les temps accomplis et Phidias préparer à son insu d’autres dieux que les nôtres. En divinisant l’homme dans sa forme parfaite, il a donné à un Dieu la tentation de s’humaniser. Platon, à son tour, spiritualisera l’esprit de l’homme au point de permettre à un Dieu de s’y incarner. Retrouverai-je maintenant mon repos après de si étranges visions ? » ajouta le prêtre d’Éleusis, qui disparut.

— L’idée est belle, dit Ronchaud, de Phidias préparant Jésus. Je vais, de ce pas, conter cette découverte à Saint-Victor, qui souffre parfois de ne pouvoir mettre d’accord son catholicisme avec sa passion de la Grèce. »

Nous étions quatre, l’autre soir, chez Mme  d’ Agoult, à qui je disais au revoir ; elle partait avec