Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/340

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parrain, je n’ai pas d’amitié pour lui, et nous ne serons jamais intimes. Son caractère ne m’inspire aucune confiance ; on peut l’approuver à certains jours, car il se laisse, de temps à autre, prendre au piège de ses traditions. Mais lequel de nous s’engagerait à le suivre toujours et serait assuré d’être toujours suivi par lui ?

Edmond Adam, à qui je parlai un jour de Jules Simon, me raconta ceci. « En 185i, les théâtres nous ayant conservé nos fauteuils, à nous rédacteurs du National, je me trouvai un soir à côté de Jules Simon, au Théâtre-Français. Il avait donné sa démission de professeur, comme moi celle de conseiller d’Etat. J’avais 20.000 francs de dettes contractées à la mairie de Paris, où nous ne recevions aucun traitement, et 3oo francs pour toute ressource. Jules Simon et moi, après le théâtre, nous revînmes tous deux par le boulevard. Nous nous plaignions de la dureté des temps. Il m’apitoya de telle façon en me parlant de son ménage, de sa femme, de ses enfants, que je lui proposai la moitié de ce que je possédais. Or, j’appris par l’un de ses amis, que le hasard me fit rencontrer après l’avoir quitté, qu’il avait pour le moins une dizaine de mille livres de rente par sa femme, ce qui était la très grande aisance à cette époque. »

Mme  d’Agoult retient Jules Simon dans la baignoire, et, dès que la toile est baissée, le voilà qui dénigre Paradol et affirme que si la presse était libre il n’aurait aucun talent. Ah ! qu’il