Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/366

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que je croyais sorti intact de la néfaste influence morale d’Enfantin, cela me stupéfie.

— Quand il s’agit des principes de l’École, Arlès-Dufour n’en abandonne aucun, et la « femme législateur » n’est-elle pas un principe ? »

Jean Reynaud s’appuya contre un olivier et me fit asseoir.

« Oui, c’est un principe, répéta-t-il, l’un de ceux qui appartiennent en propre à Enfantin. Et tenez, ma chère enfant, pourquoi ne vous parlerais-je pas de ces choses dont la plupart seront publiées après ma mort, mais à propos desquelles je vous dois un avertissement pour que vous ne tombiez jamais sous les griffes d’Enfantin, du détrempeur moral le plus dangereux que j’aie jamais connu. Sachez que l’un des côtés les plus odieux des manœuvres d’Enfantin pour dominer l’âme de ses disciples était de détruire leur bonheur conjugal, de leur prouver que toutes les femmes, même la leur, étaient mûres pour l’émancipation, pour l’amour libre. Combien ai-je ressoudé de brisures faites sur l’ordre d’Enfantin ; combien de scandales suis-je parvenu à empêcher ? Le soidisant « Père » déléguait aux femmes des hommes résolus à les séduire, par tous les moyens, et ensuite à livrer leur secret à Enfantin, qui obligeait les malheureuses à se confesser publiquement de leurs fautes.

« L’une des scènes les plus atroces, le spec-