Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/374

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— Vraiment, il admire des femmes écrivains ?

— Mais oui.

— Qui, par exemple ?

— M me de Staël, George Sand.

— George Sand !

— Mais oui, il l’admire autant et peut-être plus que moi.

— Allons donc !

— Je vous le jure, c’est même pour ça…

— Que ?

— Que leur aventure a été si triste. Il s’était monté la tête sur George Sand après avoir lu Lélia. Il voyait Mme  Sand ayant un caractère d’héroïsme semblable à celui pour lequel Mérimée a toujours posé. — Notez que je dis posé. — Il la voyait dominatrice, (je vous répète ses propres mots,) considérant l’homme comme celui-ci considère la femme dans un amour de tête, amour ne livrant rien de son moi intérieur, qu’on quitte et reprend au jour le jour, à moins qu’il ne s’ajoute aux fantaisies de l’esprit une fantaisie des sens.

« Mérimée rêva de fasciner Lélia, de lui faire trouver en lui ce qu’il cherchait en elle. Quelque chose d’introuvé jusque-là ! une force défensive inentamable, un dédain sans bornes de l’autre, un défi de pénétrer cet autre, même en le possédant.

« Le jeu des préliminaires dura longtemps entre eux. Mérimée affectait une froideur glaciale, même dans ses déclarations. Mme  Sand