Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/377

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et de Ronchaud sont à la gare. Mme Vilbort n’y est pas. Pourquoi ? Je ne le saurai que trop vite.

Mon père et Edmond Adam se sont écrit en mon absence. Je les trouve liés. Ils se seraient tiré des coups de fusil en 1848, mais ils s’entendent complètement sur la haine de l’empire. Quelle gratitude j’ai à Edmond Adam de m’avoir donné sa petite Bordelaise, dont le dévouement n’est certes pas étranger à ma guérison !

Je rentre à Chauny le soir même, après avoir embrassé Mme d’Agoult et conduit mon père remercier M. et Mme Jean Reynaud. Quelle joie de revoir ma fille grandie ! Elle ne rêve plus « qu’au beau pays bleu », aux arbres qui ont des « fruits d’orange ». Elle voudrait être « le jour où nous partirons ».

« Petite ingrate, » dit mon père en riant.

Il sait le danger que j’ai couru, le docteur Maure le lui a écrit. Ma mère elle-même « béni mes amis », mais il faudra voir à la fin, laisse-t-elle entendre, quel intérêt chacun avait à être si extraordinairement dévoué pour moi. C’est si bon de soupçonner !

Ah ! le soupçon, l’odieux soupçon ! J’apprends qu’en mon absence mes ennemis sont parvenus à circonvenir ma charmante cousine Vilbort, et qu’on dit couramment chez elle que ma brusque maladie était une comédie et que