Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/395

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Grands adieux pour bien des mois à mes amis les plus chers. J’ai du chagrin. Il me semble que mon esprit va manquer d’aliments ; mais le ciel et la mer sourient là-bas, et m’attirent d’autant plus irrésistiblement que je recommence à tousser de ma mauvaise toux.

Nous partons, Alice et moi, et nous nous arrêtons à Oullins, mes chers amis, que je considère comme mes parents, voulant connaître ma fille. Elle aime « le bon génie », elle s’attache de suite à Mme Arlès-Dufour, et elle a bientôt adopté toutes les adorables tantes, tous les oncles, tous les cousins qui sont au « bon génie », ce dont elle s’informe d’abord : « Vous êtes au bon génie ? » On lui répond oui, et la connaissance est faite, l’affection acquise.

Quand les enfants sont couchés, on lit haut, chaque soir, à Oullins, les Misérables, qui viennent de paraître, et notre enthousiasme va croissant. Que de larmes répandues malgré quelques réserves de Mme Arlès-Dufour, qui préfère s’émouvoir « de la situation de braves gens malheureux que de celle de malhonnêtes gens, fussent-ils même plus malheureux ».

Arlès-Dufour appelle sa chère femme « bourgeoise », et elle, l’appelle « saint-simonien ».

Après quelques bonnes journées à Oullins, nous reprenons le chemin de fer, qui ne va en-