Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/408

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docteur Maure, qui a Mérimée et Cousin. Bien entendu, Jean Reynaud, invité, décline l’invitation, mais il comprend fort bien que je l’accepte. Il sait que je vois Mérimée et trouve que je ne peux que gagner à parler de lettres avec lui.

Mérimée est allé chercher Cousin à la villa des Anges. Il ne serait pas venu sans cela. Louer un carrosse pour un déjeuner, Cousin ne ferait pas cette folie. Nous ne sommes que six. Le docteur et Mme Maure, Mérimée, Cousin, ma fille et moi. Pour bien et beaucoup déjeuner, nous déjeunerons bien et beaucoup ; mais Cousin et Mérimée seront surtout libres de dire ce que bon leur semblera, car Alice, après les deux premiers plats, ira jouer chez des amis qu’elle a à Grasse.

Rien de plus curieux que Mérimée et Cousin l’un vis-à-vis de l’autre. C’est un « expectacle » comme disent les gens de Provence. Cousin parle, il ne cause pas. Il semble qu’il élabore lentement ce qu’il va dire une première fois. Il semble suivre avec surprise le déroulement de sa pensée ; mais la forme est achevée, le mot définitif, choisi, grave, savant. Il parle comme on enseigne, il s’échauffe.

Mérimée, froid, goguenard, lance des sous-entendus sur lesquels Cousin se précipite comme un jeune chien sur une pierre qu’on jette devant lui, et il la roule, il la roule…

Le philosophe-orateur développe des pé-