Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/439

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cins. » Si j’allais supplier Mme  Jean Reynaud de choisir un opérateur meilleur, si je rappelais à Jean Reynaud la prédiction — celle qui m’a été faite s’est à tel point réalisée ! — Mais, hélas ! je n’ose pas : de quel droit interviendrais-je ? J’ai, maintenant, horriblement peur de cette opération. Je vais dire à Mme  d’Agoult mon angoisse, lui demander conseil.

Elle me répond que je ne puis prendre une telle responsabilité, que si Mme  Jean Reynaud m’écoutait et que Jean Reynaud meure, elle serait certainement plus désespérée ; que si elle ne m’écoutait pas et que le malheur la frappe, elle se croirait coupable.

Il fait affreusement chaud en juin. Je vais, le matin et le soir, au boulevard Maillot prendre des nouvelles. L’opération a été retardée de deux jours, à cause d’un orage qui a beaucoup éprouvé Jean Reynaud. Un matin j’arrive, et la femme de chambre me conseille d’attendre une heure : on opère, et je saurai ainsi le résultat. Je vais au Jardin d’Acclimatation et reviens.

Le valet de chambre me dit :

« J’ai comme une idée que ça n’a pas bien réussi. Les médecins n’avaient pas l’air de ceux qui sont tout à fait contents. »

Je m’en vais triste a pleurer. « Méfiez-vous des médecins, méfiez-vous des médecins ! » C’est une obsession.

Jean Reynaud est plus malade.