Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/447

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paraître fou, comment pourrait-il comprendre qu’on ne le comprenne pas ?

S’il était nié par tout le monde, il douterait de lui, mais il a, parmi les gens dont l’opinion musicale fait loi, des fanatiques ; alors son orgueil s’exaspère, il devient cruel aux médiocres et il provoque par ses mots sanglants, par ses feuilletons des Débats, des haines implacables.

Devons-nous lui écrire ? Nous nous posons la question, et nous sommes finalement d’avis que, n’ayant pas à l’applaudir d’un succès, mieux vaut garder le silence.

Cependant nous décidons de lui envoyer une corbeille de fleurs avec ces simples mots qui le préviennent :

« Madame la comtesse de Pierreclos et madame Juliette Lamber envoient à Berlioz des fleurs du golfe Juan . »

Il nous répond, sans nous remercier, un seul mot dans lequel nous lisons toute son amertume, toute sa désolation :

« Etait-ce la peine ?

« Berlioz. »

Pelletan a été réélu, sa réélection n’était qu’une question de forme, mais tout de même Mme  de Pierreclos et moi, qui l’aimons beaucoup, sommes dans la joie. Girardin nous écrit à ce propos :

« J’étais à Compiègne le premier juin der-