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Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/49

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connaissance ne dépasse pas les phénomènes, il n’était pas kantiste ; quoique reconnaissant avec Auguste Comte « que la recherche de l’absolu conduit à un abîme d’erreurs », il n’était pas positiviste. Il jugeait sévèrement le matérialisme du positivisme et affirmait les idées de cause que Kant et Auguste Comte repoussent ; c’est par une phrase très hautaine qu’il se détachait des deux. « J’établis, disait-il, entre la certitude et la croyance, entre la croyance et la volonté, une immense connexion. »

J’avais une grande admiration pour M. Renouvier, esprit noble et libre, avide de clarté, convaincu sans sectarisme, le sectarisme devenant le gros péché des rédacteurs de la Revue philosophique, Jenny d’Héricourt en tête.

L’une des bêtes noires de Mme d’Héricourt était Proudhon. Dès qu’elle parlait de lui, elle se mettait en colère. Auteur d’un livre de réelle valeur, que j’avais lu, sur les théories du grand dialecticien, elle fut irritée au-delà de toute expression contre moi, parce que j’eus l’outrecuidance de lui parler de ce livre.

Toute ma jeunesse s’étant passée à batailler avec mon père sur Proudhon, je le connaissais en tous ses circuits d’idées, ce que Mme d’Héricourt ne put jamais admettre.

« Voyez-vous la péronnelle s’avisant de me souligner Proudhon, dit-elle à M. Fauvety, qui me répéta cette conversation.

— Elle ne vous le « souligne » pas, répliqua-