Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/48

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saient de cette rivalité qui n’existait que dans l’esprit de Mme d’Héricourt, dont je reconnaissais volontiers la supériorité, mais qui devenait chaque semaine de plus en plus aigrie et me faisait parfois perdre un peu de ma patience.

Il y avait dans ces discussions un mot dont Mme  d’Héricourt abusait, c’était le mot : antinomie. M. Renouvier parlait volontiers de la « synthèse des contraires, d’attributs différents pouvant être observés en même temps dans un seul et même être ». On devine si les antinomies de Mme  d’Héricourt trouvaient là leur placement facile.

M. Renouvier avait beaucoup écrit dans l’Encyclopédie nouvelle, fondée par Pierre Leroux et par Jean Reynaud. Il travaillait depuis trois ans à sa grande œuvre : Essais de critique générale, qu’il ne devait terminer qu’en 1864, et il collaborait à la Revue philosophique de M. Fauvety, dont il était l’un des piliers. Renouvier passait pour le plus érudit des philosophes de cette époque. On le déclarait supérieur à Victor Cousin, duquel il s’était séparé, attaquant l’éclectisme comme une doctrine impuissante à relever les caractères. Renouvier a le premier établi les rapports des doctrines philosophiques de chaque époque avec l’état de la science en des déductions admirables. Il avait l’ambition de réformer le kantisme et de remplacer la philosophie par la critique.

Quoique admettant avec Kant que notre