Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/77

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« Ce sont des Italiens qui ont fait le coup, s’écrient-ils, et en voilà un dont l’accent ne trompe pas ; au poste ! »

M. La Messine se glisse au travers de la cohue et lâche poliment son ami qui l’appelle à son secours et le nomme. Éloignée des deux par un remous de la foule, je me décide à rentrer.

Le lendemain matin perquisition chez nous. Mon mari prouve aisément que son parent, arrivé de Sicile le matin même, est venu pour un mariage qui a lieu le lendemain, mariage à propos duquel nous allions faire des achats au Palais-Royal. On relâche le cousin et on nous laisse en paix.

Les quatre auteurs de l’attentat sont arrêtés : Orsini, Rudio, Pieri et Gomez. Tout Paris est avide de détails. On raconte que le chef du complot, Félix Orsini, est un ex-ami de Mazzini, qu’il s’est échappé des prisons autrichiennes d’Italie d’une façon extraordinaire. Son idée fixe était de tuer Napoléon III, qu’il rend responsable de tous les maux de son pays.

À l’Opéra, la représentation était la dernière de Massol et à son profit. Les Parisiens, toujours parisiens, commentent l’à-propos du programme du Palais-Royal. Au moment de l’attentat, Mme Arnould-Plessis s’apprêtait à jouer : Quitte pour la peur, de Musset, et Duprez, qu’on n’entendait depuis longtemps nulle part que chez lui, devait chanter, ce soir-là, des