Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/83

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prodiguées aux deux femmes que j’admirais le plus : à George Sand, la créatrice de tant de chefs-d’œuvre, et à l’auteur de la Révolution de 1848, Mme  la comtesse d’Agoult, Daniel Stern.

Ayant achevé la lecture des trois volumes, je dînai un soir chez les Fauvety. Je parlai de mon indignation. Mme  d’Héricourt se trouvait parmi les convives.

« Vous devriez, lui dis-je, défendre des femmes qu’on insulte ainsi, vous qui savez si bien manier la plume contre le terrible Proudhon. Laisser de telles injures sans les relever, ce serait abominable, odieux.

— George Sand et Daniel Stern n’ont que ce qu’elles méritent, me répondit Mme  d’Héricourt, avec cette haine des gens qui se croient autant et plus de talent que ceux qui leur sont supérieurs par la réputation. J’exige la vertu. Je la pratique. Proudhon n’a pas osé m’injurier, j’en suis certaine, quoique je ne l’aie pas lu encore.

— Eh bien ! moi, répliquai-je, qui suis une bien petite personne, d’ailleurs tout aussi vertueuse que vous, je répondrai à Proudhon. Il faut que, femmes, elles soient défendues par une femme !

— Mais c’est le livre qu’Edmond vous a prédit, sûrement, s’écria Mme  Fauvety. Vite, vite à l’ouvrage ! »

Zozo, qui était sur les genoux de sa maîtresse, la voyant s’agiter, se mit à aboyer.