tous encapuchonnés, et au lieu d’opéras nous aurons la messe et les vêpres pour tout divertissement.
De pareils propos ne pouvaient parvenir aux oreilles du roi, mais Mme de Maintenon ne les ignora pas longtemps. Elle comprit combien il était de son intérêt de distraire tout l’entourage du roi de si sombres pensées, et que ce n’était que par des fêtes éclatantes, des spectacles pompeux qu’elle pourrait détourner l’attention et faire renaître l’apparence de la confiance. Mais quel spectacle donner ? Des carrousels, des loteries ? Cela coûtait si cher et durait si peu ! et puis, l’argent devenait rare. Un sonnet à la gloire du roi convertisseur, s’était payé plus cher que ne l’aurait été autrefois une fête qui aurait occupé la cour pendant une semaine ; les abjurations avaient d’autant plus coûté que le prix en était ordinairement fixé en pensions ; c’est ainsi que Dacier et sa femme, qui s’étaient faits catholiques, venaient de recevoir 500 écus de pension. Depuis la mort de Molière, les comédies n’avaient que peu d’attraits ; Racine n’était pas assez gai pour la circonstance, il fallait quelque chose qui contrastât avec la disposition générale des esprits.
Le roi, que depuis plusieurs mois on avait obsédé pour les affaires de la religion, n’avait pas eu le temps de s’occuper à l’avance de ses plaisirs, et aucun divertissement n’était préparé. Elle se souvint pourtant qu’il lui avait parlé d’un opéra commandé par lui à Lully et Quinault, et dont il avait même fourni le sujet. Si cet ouvrage avait pu être prêt, c’était un coup de fortune ! Mais comment s’en assurer ? Il fallut bien qu’elle se