Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/139

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résolût à le demander elle-même à l’un des auteurs, et après s’être fait préalablement donner l’absolution, elle se détermina à faire venir Lully auprès d’elle pour savoir où il en était de son ouvrage.

Lully, toujours bien vu du roi, qui l’aimait beaucoup, venait rarement à Versailles, et seulement quand son service l’y appelait ; d’abord, parce que son théâtre, à Paris, dont il était le directeur et le seul compositeur, l’occupait beaucoup ; mais ensuite, parce qu’à Paris il avait plus de liberté pour mener la vie dissipée et fort peu régulière qu’il affectionnait ; et surtout parce qu’il savait déplaire à un grand nombre de personnes de la cour qui ne lui épargnaient pas les railleries quand elles le rencontraient, ce qu’il détestait singulièrement, étant très-railleur lui-même, et ne souffrant pas facilement, suivant l’usage, qu’on fît à son égard ce qu’il s’était si souvent permis envers les autres. Voici à quel sujet il s’était attiré tous ces brocards :

Depuis longtemps Lully avait reçu des lettres de noblesse du roi, et se faisait partout appeler et imprimer M. de Lully, lorsque quelqu’un vint à lui dire qu’il était fort heureux pour lui que, contre l’usage, le roi l’eût dispensé de se faire recevoir secrétaire d’État, car plusieurs personnes de cette compagnie avaient toujours dit qu’elles s’opposeraient à son admission. Après cette révélation, le musicien ne dormit plus tranquille et n’eut plus de cesse qu’il ne fût reçu. Voici le moyen qu’il employa pour obtenir l’assentiment du roi. En 1681 on dut donner à Saint-