aussi bien je sais que Lalande s’occupe d’une pièce en musique, et le petit Marais me fait tourmenter depuis longtemps pour faire entendre de sa musique au roi : l’un des deux saura bien être prêt.
— Qu’est-ce à dire Madame ? on exécuterait devant Sa Majesté d’autres opéras que les miens ? Non, non, il n’en sera pas ainsi ; vous aurez un opéra dans huit jours ; ce ne sera pas Armide, par exemple…
— Eh ! peu m’importe, Armide ou un autre, cela m’est indifférent.
— En bien ! donc, dans huit jours, vous aurez un nouvel opéra-ballet, musique de Lully, paroles de Quinault. Voudriez-vous m’en fournir le sujet ?
— Monsieur, reprit Mme de Maintenon avec hauteur, vous devriez savoir que je ne me mêle point de ces sortes de choses.
— Pardon, Madame, répondit le musicien en câlinant, c’est le roi qui a fourni le sujet d’Armide, vous auriez pu proposer celui-ci. Armide sera l’opéra du roi, celui-ci serait l’opéra de la…
Il s’arrêta craignant d’en avoir trop dit, mais la marquise n’avait pas l’air fâché ; elle lui dit, au contraire avec bonté :
— J’y consens. Votre ouvrage sera votre réconciliation : nommez-le le Temple de la Paix.
— Madame, dans huit jours la première représentation.
Il se retira en saluant profondément, et se fit tout de suite conduire à Paris chez Quinault.
— Mon cher ami, lui dit-il en entrant, je viens