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Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/148

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vous prévenir que c’est d’aujourd’hui en huit la première représentation de notre opéra du Temple de la Paix, et qu’il faut nous mettre en mesure.

— Qu’est-ce à dire, dit Quinault, quelle est cette nouvelle folie ? Vous savez que j’ai à travailler ; voilà la quatrième fois que vous me faites refaire le cinquième acte d’Armide, et je n’en peux venir à bout ; laissez-moi donc en repos, au lieu de me venir casser la tête avec vos sornettes.

— Oh ! oh ! mon confrère en Apollon, nous sommes de mauvaise humeur ; tant pis, morbleu, tant pis ! car il ne s’agit plus d’Armide pour le moment, mais bien du Temple de la Paix.

— Cesserez-vous bientôt de me parler par énigmes ?

— Eh bien donc ! sachez que, sous peine de déplaire mortellement à notre illustre maître et à sa très-peu illustre maîtresse, la veuve Scarron, je viens de promettre de donner dans huit jours, à Versailles, un opéra-ballet, fait, composé, appris et monté.

— Eh bien ! est-ce que cela me regarde ? dit tranquillement Quinault.

— Oh ! il n’y a pas de doute que cela vous regarde fort peu, car c’est tout simplement vous, M. Philippe Quinault, auditeur des comptes, membre de l’Académie française et chevalier de l’ordre de Saint-Michel, qui en devez composer les paroles.

— Et pourquoi cela ?

— Eh parbleu ! parce que je l’ai promis. D’ailleurs, vous savez bien notre marché : je vous donne 4,000 li-