étaient devenus les premiers de l’Europe, et il suffisait de nommer L’Alouette, Colasse, Verdier, Baptiste, le père, Joubert, Marchand, Rebel, Lalande, etc., comme ses élèves, pour prouver que Lully était aussi habile professeur que savant compositeur.
Aussi pas un musicien de l’orchestre n’osait murmurer devant lui, quelque dure et brutale que fut sa manière d’être à son égard. On savait d’ailleurs que ses colères ne duraient pas longtemps. Il avait l’oreille si fine, que d’un bout du théâtre à l’autre, il distinguait de quel côté de l’orchestre était partie une fausse note : il entrait alors dans une fureur terrible ; il s’élançait sur le malheureux musicien à qui il arrachait son violon, et plus d’une fois il le lui brisa sur la tête ; mais après la répétition, il se repentait de sa vivacité, sa colère était oubliée ainsi que la faute qui l’avait fait naître ; il allait demander pardon à son pensionnaire, lui payait son instrument et l’emmenait dîner avec lui. Aussi, il était adoré de ses musiciens, qui aimaient autant sa personne qu’ils admiraient son talent.
Ordinairement, personne n’était admis à la répétition générale, sauf toutefois quelques gens de la cour, à qui on ne pouvait refuser cette faveur : cette fois pas un ne se présenta ; le maître souverain avait fait mauvaise mine au musicien, personne de la cour ne se serait avisé d’aller écouter sa musique.
— Tant mieux, dit Lully, me voilà débarrassé de tous ces beaux donneurs de conseils, et mon affaire n’en ira que mieux.
Cependant, au milieu de la répétition on vint l’aver-