mais à une vingtaine de pas de là, il se sent tirer par la manche : c’était un ouvrier qui, le bonnet à la main, lui dit, les yeux baissés :
— Monsieur, je crois qu’on vous a fait payer ce violon-là trop cher, et si vous êtes amateur, comme c’est moi qui l’ai fait, je pourrai vous en fournir tant que vous voudrez à six francs.
C’était Eustache qui avait vu conclure le marché, et qui ne doutant plus de son talent pour la lutherie, voulait continuer un commerce qui réussissait si bien. Il fut cependant obligé d’y renoncer, car Viotti se contenta du seul exemplaire qu’il avait si bien payé. »
— Et que fît Viotti du violon de fer-blanc ? demandai-je à F. Langlé.
— Il l’a toujours gardé et l’emporta avec lui quand il se retira en Angleterre.
— Eh bien ! mon cher, dis-je à Ferdinand, tu ne te doutes guère du service que tu viens de rendre à un de mes amis ; ton histoire va lui faire gagner un violon magnifique. Et je lui dis à mon tour l’histoire de la vente de Viotti, et d’A. Séguin.
J’ai fait depuis toutes sortes de démarches pour savoir dans quelle partie du globe se trouve maintenant mon Anglais ; mais toutes mes recherches ont été inutiles, et comme les livres sont lus dans tous les pays, j’ai pris le parti de consigner ces renseignements dans celui-ci, espérant que le hasard les fera tomber sous les yeux de mon ami et lui fournira les moyens de gagner son violon.