Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/237

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accusation grave pèse contre vous, qu’il y va de votre tête.

— De ma tête ! ah çà ! est-ce que c’est une mystification ? commençons donc à nous entendre.

— Votre profession ?

— Musicien.

— Et pourquoi un musicien se déguise-t-il en prêtre ? et cache-t-il des armes sous ces habits d’emprunt ?

— Ces habits sont les miens et cette épée aussi. Je suis trombone de la garde nationale et chantre de cette église : j’attendais la fin du discours de monsieur le curé pour venir après la fanfare me déshabiller ici, et chanter mon office ; mais on ne l’a pas laissé finir, ce brave homme, on nous a dit de jouer au milieu de son sermon, et quand je suis accouru ici, je n’ai eu que le temps de passer ma soutane par-dessus mon uniforme ; et maintenant, avec votre permission, je vais l’ôter tout à fait, car l’office est presque fini, et ma légion me réclame.

Ici la scène change, les juges se mettent à rire ; le procès-verbal commencé est déchiré, et l’accusé partage bientôt l’hilarité de ses juges, en apprenant que lui, pauvre diable, a été pris pour un conspirateur et a failli mettre tout le gouvernement en émoi. Le calme et la tranquillité se rétablissent dans l’église, les bas-côtés sont de nouveau livrés à l’empressement du peuple qui ne peut rien voir ; et le roi en apprenant la cause futile de tout ce tumulte, a grand’peine à tenir son sérieux. En sortant de l’église, il cherche à recon-