Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/265

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velle, que l’on devait à M. Lefebvre, bibliothécaire de l’Opéra, et auteur de la musique de quelques ballets. Le joli air de danse de la Sabotière, que beaucoup de gens croient de Rousseau, est de M. Lefebvre. C’est en 1826 que le Devin du village fut joué pour la dernière fois. Rossini venait d’arriver à Paris ; et dans le cours de la représentation à laquelle il assistait, sans respect pour le grand nom de Rousseau, pour Mme Damoreau, pour Nourrit et Dérivis, pour une œuvre qui offre un double intérêt comme art et comme monument historique, un progressiste, craignant de voir se perpétuer à jamais cette musique presque séculaire, jeta une ignominieuse perruque poudrée aux pieds de la cantatrice. Telle fut la fin du Devin du village, qui fut représenté et applaudi à l’Opéra pendant trois quarts de siècle.

Avant de parler des écrits de Rousseau sur la musique, je dois en finir avec ses œuvres musicales proprement dites. On publia, après sa mort, un volumineux recueil, intitulé : les Consolations des misères de ma vie. Il contient cent morceaux de différents caractères ; il y en a trois excellents, la romance : Que le jour me dure ; Je l’ai planté, Je l’ai vu naître, et l’air du Branle sans fin, qui est très populaire. Il reste sept ou huit chansons médiocres et quatre-vingt-dix pièces détestables. Les duos surtout sont d’une faiblesse telle, qu’il est peu probable que l’unique duo que contienne le Devin du village, où les voix sont très-bien disposées, n’ait pas été retouché par la main qui a complété l’instrumentation de l’ouvrage.

Ce recueil fut publié avec un grand luxe en 1781,