Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’instrumentation : c’est celui où il recommande de tirer les parties de hautbois sur celles de violon, en en supprimant ce qui ne convient pas à l’instrument. Ainsi c’était alors le copiste qui était juge des endroits où les hautbois devaient ou non jouer à l’unisson avec les violons.

Quelques définitions sont très-singulières, même au point de vue étymologique et grammatical. « Aubade, s. f., concert de nuit, en plein air, sous les fenêtres de quelqu’un. » Il est vrai qu’au mot sérénade, il rectifie la première erreur en expliquant que la sérénade s’exécute le soir et l’aubade le matin.

Tous les articles relatifs au plain-chant et au contre-point fourmillent d’erreurs. Mais il y a des pensées élevées et des aperçus ingénieux dans les articles purement esthétiques.

Un M. de Blainville crut avoir inventé un troisième mode. Sa gamme était tout simplement notre gamme majeure ordinaire, mais partant du troisième degré comme tonique, c’est-à-dire la gamme de mi en mi, montante et descendante, sans aucune altération. Cette prétendue innovation ne réussit pas et ne pouvait pas réussir. Rousseau écrivit à ce sujet la Lettre à l’abbé Raynal. Après avoir disserté pendant quatre pages sur un thème où il n’entendait pas grand’chose, il termine ainsi : « Quoi qu’il fasse, il aura toujours tort, pour deux raisons sans réplique : l’une, parce qu’il est inventeur ; l’autre, qu’il a affaire à des musiciens. » Ce trait n’était qu’une rancune de souvenir contre l’insuccès de sa notation en chiffres.