Et l’on recommença le passage, qui parut encore plus faux que la première fois. Dalayrac s’élança vers le second violon, lui arracha l’instrument des mains, et se mettant à jouer le trait comme il l’avait composé :
— Tenez, Monsieur, voilà ce qu’il y a, et cela ne ressemble guère à ce que vous venez de jouer.
— C’est ce que vous venez de jouer qui ne ressemble pas à ce qui est écrit, dit l’amateur exaspéré ; voyez plutôt.
Et il passa sa partie à Dalayrac, qui ne fit qu’y jeter un coup d œil, et s’écria avec colère :
— Là ! j’en étais sûr ! ils n’ont pas corrigé la seconde épreuve.
— Eh ! qu’en savez-vous ? dit l’amateur triomphant.
L’auteur, près de se trahir, demeura muet ; mais Langlé, confident discret jusqu’alors de l’innocente supercherie de son élève, se crut dispensé de garder plus longtemps un secret qu’on était sur le point de pénétrer.
— Il en sait très-long sur ce sujet, Messieurs, leur dit-il, car c’est lui qui est l’auteur de tous les morceaux publiés sous le même nom que celui-ci.
Ce furent alors des exclamations et des éloges à perte de vue. Dalayrac ne pouvait suffire à toutes les louanges et toutes les félicitations qu’il recevait. Il fut forcé de se mettre au pupitre et de concourir à l’exécution de tout son répertoire, qu’on voulut passer en revue le soir même, et à chaque morceau c’était un nouveau concert d’éloges et de bravos.
Cette petite aventure eut du retentissement, et Da-