Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/312

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layrac devint le musicien à la mode dans un certain monde, avant même d’être connu de la généralité du public. On sait que Voltaire, dans son voyage à Paris en 1778, fut reçu dans une loge maçonique. Dalayrac fut chargé de composer la musique pour cette réception, et elle eut assez de succès pour qu’on lui en demandât une nouvelle pour la fête célébrée chez Mme Helvétius en l’honneur de Franklin.

M. de Bezenval faisait souvent jouer la comédie chez lui ; la reine et la famille royale ne dédaignaient pas d’assister à ces solennités dramatiques où les rôles étaient remplis par des gens du monde et par l’élite des comédiens français ou italiens. Dalayrac composa, pour ce théâtre de société, deux petits opéras, dont les titres seuls nous sont parvenus. Ils étaient intitulés : le Petit souper et le Chevalier à la mode. Leur succès ne fut pas moins grand que ne l’avait été celui des premières œuvres instrumentales de l’auteur. La reine, qui assistait à la représentation, félicita hautement le musicien, lui disant qu’elle était heureuse de savoir qu’il y eût dans la maison de son frère un jeune homme de tant de talent et d’espérances.

Un si beau début ne fit qu’encourager Dalayrac à continuer ses heureuses tentatives. Un des camarades de sa compagnie, de Lachabeaussière, qui avait déjà fait représenter de petits ouvrages à la comédie Italienne, lui confia une pièce en un acte, l’Eclipse totale. La musique en fut rapidement composée, la protection de la reine ne fut sans doute pas inutile à Dalayrac pour faciliter la réception de sa pièce et lui faire obte-