sants ; j’avais fait de nouveaux emprunts ; mais notre affaire était si belle que chacun me présageait l’avenir le plus doré, lorsque la révolution de février éclata comme un coup de foudre. Le 24 février j’étais monté sur la terrasse du théâtre, on se battait dans la rue du Temple, et je voyais passer les blessés qu’on dirigeait sur les hôpitaux. À trois heures passent plusieurs aides de camp à cheval :
— Mes amis, criaient-ils, il y a un nouveau ministère, criez : Vive le roi !
On ne criait rien, mais les hostilités cessaient : chacun autour de moi était enchanté.
— Voyez-vous, leur dis-je, voilà la fin de la monarchie ; on a cédé à l’émeute, c’est elle qui prendra le dessus.
On me rit au nez ; les théâtres rouvrirent le soir. Je me rappelle que j’allai aux Funambules, le théâtre était plein, les spectateurs criaient : Vive la réforme ! Je sortis le cœur navré. Je rencontrai un de mes amis.
— Venez donc au boulevard des Italiens, me dit-il, toutes les fenêtres sont illuminées, c’est une joie générale !
Nous n’avions pas fait cent pas que nous rencontrâmes une foule éperdue venant en sens inverse et criant : Vengeance ! on égorge nos frères.
En un clin d’œil, les boutiques se fermèrent et les barricades commencèrent à s’organiser. Je ren-