Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cadeau de Frédéric III, roi de Prusse, qu’il me donna à Berlin. On me prêta 800 fr. dessus, je ne pus la retirer qu’au bout de trois ans ; les autres bijoux furent vendus, faute d’en avoir pu renouveler les reconnaissances !

Je devais 70,000 fr., on mit arrêt sur mes 1,200 fr. de l’Institut. J’assemblai mes créanciers, je leur fis abandon de la totalité de mes droits d’auteur jusqu’à parfait paiement ; ils acceptèrent, et me laissèrent mes 100 francs par mois.

Mon pauvre père, âgé de 90 ans, fut cruellement frappé par la venue de la république ; il avait vu la première, il s’imagina que la seconde en serait la reproduction ; il tomba dans une morne taciturnité et s’éteignit sans maladie et presque sans souffrances le 8 avril. Je n’avais pas le moyen de faire faire ses obsèques. Un ami, Zimmermann, vint de lui-même m’apporter 200 francs. Je ne pus les lui rendre que deux ans plus tard. Une souscription au Conservatoire fit les frais de la tombe de mon père.

Cependant, rien ne venait ; il n’y avait pas à penser à gagner de l’argent avec la musique : l’avenir le plus sombre s’ouvrait devant moi. J’allais presque chaque jour voir le docteur Véron, chez qui s’apprenaient toutes les nouvelles, Donizetti venait de mourir : Véron m’offrit de faire, pour le Constitutionnel, une notice nécrologique sur mon