Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/47

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célèbre confrère : elle devait m’être payée cinquante francs : quelle bonne fortune !

J’avais quelquefois écrit dans des journaux de musique, mais je n’avais jamais songé à me faire une ressource de ma plume, que je ne croyais bonne qu’à aligner des notes. Véron fut assez bon pour me donner quelques conseils dont j’avais grand besoin, et voulut bien me donner temporairement le feuilleton musical du Constitutionnel. Chaque feuilleton m’était payé 50 francs, et je pouvais en faire trois et quelquefois quatre par mois : cela m’aida à vivre pendant la première moitié de cette fatale année.

Scribe, à qui j’allai conter ma misère, me donna Giralda ; c’était un beau cadeau : j’en eus bientôt terminé la musique ; mais M. Perrin venait d’être nommé directeur de l’Opéra-Comique. Enivré par l’immense succès du Val d’Andore, que le premier j’avais proclamé dans mon feuilleton, il s’imaginait (et il le croit encore) que le succès ne pouvait s’obtenir à l’Opéra-Comique que par des pièces tristes ou dramatiques. Giralda lui déplut complétement, et, pendant deux ans, il refusa de la monter. Ce ne fut que dans un moment de disette et en plein été qu’il consentit à donner l’ouvrage, qu’il ne joua que le moins possible, persistant dans son opinion sur la valeur de la pièce, même après son succès.