J’avais été présenté au général Cavaignac, président de la République, après le mois de juin. La mort d’Habeneck avait laissé vacante au Conservatoire une place d’inspecteur de classes, rétribuée 3,000 francs.
Je sollicitai la création d’une quatrième classe de composition musicale. Le général, qui connaissait ma position, me l’accorda, malgré tous les efforts qu’on fit pour l’en détourner.
J’eus la place aux appointements de 2,400 francs.
Avec cette somme, mon journal et l’Institut, j’avais 400 francs par mois ; je me trouvai riche et je n’ai exactement dépensé que cette somme, jusqu’à l’extinction complète de mes dettes, extinction à laquelle je suis parvenu en 1853.
Il fallait me faire des droits d’auteur pour payer mes créanciers : on ne voulait pas de Giralda, et je ne savais que faire.
Mocker vint me prier de lui composer un intermède, pour jouer une seule fois dans une représentation à son bénéfice ; cela ne devait rien me rapporter, mais c’était du travail, et pour moi le travail est un bonheur.
J’écrivis le Toréador en six jours. Aux répétitions, l’intermède acquit de telles proportions que la représentation de Mocker fut reculée d’un mois. La première représentation eut lieu le jour même où eurent lieu, à Paris, les élections qui amenèrent