Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À cette époque, Edmond Séveste était directeur de l’Opéra-National, aujourd’hui Théâtre-Lyrique, cet établissement que j’avais fondé, qui a été mon rêve et qui fera un jour la fortune de quelque spéculateur plus heureux que moi. Il vint me demander de lui écrire un petit opéra en un acte ; mais me voyant au lit, il s’apprêtait à aller porter l’ouvrage à un autre ; je l’arrêtai à temps :

— Croyez-vous, lui dis-je, parce que je suis malade, que je n’irai pas aussi vite qu’un autre confrère bien portant ? Laissez-moi la pièce et revenez me voir dans quinze jours.

En huit jours de temps et sans quitter le lit j’écrivis ce petit ouvrage : c’était la Poupée de Nuremberg. Je me levai le huitième jour pour l’essayer et me le jouer au piano, j’étais guéri : le travail avait tué la maladie.

Ed. Séveste mourut quelques jours après la visite qu’il m’avait faite, et ne vit jamais la pièce qu’il m’avait commandée et qui ne fut jouée que le 21 février 1852.

Romieu, alors directeur des Beaux-Arts, m’offrit la direction du théâtre : je la refusai : je ne suis pas fait pour faire travailler les autres, il faut que je travaille moi-même. Je fus assez heureux pour la faire obtenir à Jules Séveste, et je crois avoir contribué aux succès présents de son théâtre et avoir assuré sa prospérité future.