Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis vinrent les Troqueurs, petit acte d’une musique piquante, où l’on trouve deux ou trois airs très-spirituels, entre autres celui-ci : Rien ne me semble aussi joli qu’un mari ; et un trio en canon, dont la facture a été heureusement reproduite par l’auteur dans l’excellent trio du second acte du Pré aux Clercs.

L’Auteur mort et vivant est peut-être l’ouvrage le plus faible d’Hérold. Il n’y a rien de digne de son auteur dans cette partition, qui n’eut qu’un médiocre succès. Le Muletier, qu’Hérold donna ensuite, est, au contraire, un des meilleurs actes de musique qu’il y ait au théâtre. Tout est à citer, depuis l’ouverture, d’une instrumentation si nerveuse, où le thème du fandango est traité avec tant de talent, jusqu’au chœur final. Le morceau si original, où le battement du pouls est si habilement imité par les notes saccadées des cors, a été reproduit sur tous nos théâtres.

Le Muletier n’eut cependant qu’un succès très-contesté à son apparition ; ce n’est qu’après plus de vingt représentations que le public, qui s’était montré fort sévère pour tout ce qui touchait aux mœurs, pardonna aux gravelures de la pièce en faveur de la musique. Hérold ne put cependant parvenir à vendre sa partition ; il fut obligé de la faire graver à ses frais propres. Le Muletier compte maintenant plus de cent représentations.

L’acte de Lasthénie, joué à l’Académie royale de musique, fut beaucoup moins heureux. La révolution musicale n’avait pas encore eu lieu ; on était encore sous l’empire de l’urlo francese, et le compositeur était