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Le dîner s’achevait dans des protestations bruyantes du prince Skotieff et sur des gestes désordonnés de Jean d’Alsace.

— Je vous dis, répétait le chroniqueur, que la duchesse d’Halbstein, dont la disparition fait tant de tapage, s’est bel et bien empoisonnée… On a raconté un tas de choses sur sa mort ; les histoires sentimentales à faire pleurer des lorettes et des histoires rosses à faire frémir des Lorrains. On a voulu la faire passer pour une mystique échevelée, pour la disciple aimée du Sar Baladin, que la réalité de la vie avait déçue. La Duchesse s’est empoisonnée très prosaïquement parce qu’elle avait un cancer à la langue. Elle est morte de ne plus pouvoir embrasser.

— Vous embrasser, peut-être, ironisait le prince.

— Ça serait la première femme de ma vie !

— Et si j’osais hésiter devant vos affirmations. Si, connaissant le duc d’Halbstein comme je le connais j’insinuais qu’il y a eu tout autre chose. Un empoisonnement