Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/112

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l’avait pas toujours dédaigné autant, ce milieu-là. Seulement, aujourd’hui, elle s’en écartait par force. Devant les incartades de la jeune fille, les moins prudes ancêtres eux-mêmes s’effarouchaient. Et tout ce qui restait de faméliques allemandes, d’anglaises ready for tea, d’italiennes tapeuses et tapageuses se retirait en bon ordre. On avait su — et comment ? — l’attitude prise par Mrs Lawthorn vis-à-vis de Muriel. Et malgré la discrétion du sculpteur, les langues avaient marché quand on parlait des ressources actuelles de l’américaine. La vérité était que, malgré les secours donnés par Maleine, malgré les promenades de Muriel au cours desquelles on la rencontrait avec une collection de jeunes gens, genre très derniers outrages, miss Lawthorn demeurait à l’abri de tout soupçon. Mais, au milieu de mauvaises mœurs générales (et Dieu sait que l’élément étranger de l’Île ne s’en privait pas) les mœurs, absolument chastes de la jeune fille pouvaient passer pour scandaleuses. En plus, Muriel n’ignorait point les attaques dont elle était l’objet. Elle en souffrait peut-être, mais n’y répondait pas. En cela elle pensait comme Gérard, que, dans la vie, répondre à certaines gens, c’est leur faire trop d’honneur.

— Tenez, ajoutait Maleine, soudain rasséréné. Êtes-vous contente ? Vous allez me servir de porte-