venait doucement, par les sentiers qui sentent bon l’herbe, entre les bois de châtaignier. Elle s’était arrêtée sur le chemin, à Anacapri, avait goûté avec deux paquets de ces raisins brûlés de Sorrente, qu’on décortique du bout des doigts au fond de leur linceul de feuilles de figuier. Voilà.
— Et vous étiez seule ?
Elle se récriait. Of course. Avec qui se serait-elle promenée ? Ces gens de Capri, ces Capri people, l’agaçaient. C’était un cocktail social aux mélanges les plus hétéroclites : Banquiers faillis, avocats véreux, anciens croupiers de Riviera, gentilshommes à tâche ou laveurs de vaisselle enrichis fraternisaient avec de vieilles grues vertueuses, des filles incasables ou des admiratrices trop ferventes de Lesbos. On échangeait des potins et des crottins. Glissez, rumpels, n’ennuyez pas. Les choses les plus futiles, les à propos d’une tasse d’eau chaude, d’un chapeau neuf, d’une bonne changée ou d’une tête inédite aperçue sur la place prenaient une importance mondiale pour quinze jours. My God ! Dès que deux êtres avaient été vus cinq minutes ensemble, on tirait un trait d’union. Les saintes nitouches devenaient saintes n’y couche. Certainly, Muriel ne tenait pas à fréquenter ce milieu-là…
Pourtant, Gérard savait que miss Lawthorn ne