Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/160

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vaient un peu en retard, suivis des Mac Lower. Muriel, avenante, se précipitait :

Buona sera ! Comment allez-vous ! I am so glad to see you. Quelle ravissante toilette Mrs Mac Lower ! Et l’américaine mastodonte, qui avait seulement oublié de se raser, exultait.

Derrière elle, son mari, le sculpteur, tremblant près de sa formidable moitié, ne bronchait pas, sachant qu’elle était l’orateur. Quant aux Millelire, lui, mielleux, empressé, payait d’avance son dîner en courbettes ; la Signora, une figure de mal blanc sur un corps de ballons captifs, minaudait.

— C’est honteux de montrer des nudités pareilles, hasardait Gérard, en confidences avec la Mariskine. Regardez-moi ces numéros. Ils devraient avoir…

— De la pudeur, peut-être ?

— Justement. Si ça consiste à cacher ce qu’on a de laid !

— Oui, mais ce laid-là c’est généralement ce que les autres voient le plus, vous savez.

— Ah, sceptique ! Quelle opinion du voisin…

— Ça ne me console pas de la leur sur moi-même. Et pourtant, le respect qu’ont pour vous nos adversaires est bien le seul qui compte.

Lord Bergson les interrompait. On s’apercevait d’un bout à l’autre du salon qu’ils pelaient les poires