Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/172

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— Il y a une réponse, ajoutait-elle en désignant le pli.

Instinctivement, Maleine déchirait l’enveloppe, reconnaissait l’écriture de Nelly. Deux lignes brèves : Le prince est parti. Muriel est-elle là ? Viens à mon secours ; je ne sais plus quoi faire.

Le sculpteur chancelait. Nannina, bavarde, continuait :

Ma, signor, la signora se n’é andata forse ? Et elle expliquait qu’une de ses voisines avait vu à la Marina la Signora avec un Monsieur. Ils avaient ordonné aux rameurs de gagner Massa…

Alors, incapable d’en entendre davantage, Gérard sans une parole, sans un cri, tragiquement muet, très calme même, congédiait Nannina d’un : Va bene, et le masque dur, le cœur vidé, les jambes molles, se mettait à la recherche d’une excuse, d’une injure ou d’un adieu… Non ! ce n’était pas possible ! Et il ouvrait les portes, traversait l’atelier tout imprégné encore de l’odeur d’elle, explorait la salle à manger, le petit salon en ordre, sa chambre, enfin, la petite chambre que Muriel se réservait pour les soirs de fatigue :

Rien.

Tout était en place comme s’il ne s’était agi que d’une absence de quelques heures. Elle n’avait em-