Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/173

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porté aucune des choses lui appartenant. Sa petite montre tictacante marquait l’heure familière… Rien n’était tragique. Tout semblait tranquille, très simple ; et par l’embrasure de la fenêtre entrouverte à cause des chaudes nuits de fin d’été le marbre blanc de la Psyché inclinait la tête vers les tubéreuses en fleurs.

Gérard s’arrêta, suffoquant. Il lui semblait qu’il était encore endormi et qu’en ouvrant les yeux pour de vrai il allait chasser ce mauvais rêve. Enfin voyons ! Pourquoi est-ce qu’elle serait partie ? Minosoff ? Mais elle ne l’aimait pas ! Quelles raisons aurait-elle eu de l’aimer ? Le prince l’avait perdue, déshonorée. Lui, Maleine avait sauvé Muriel… Alors pour les femmes, le bien n’aurait pas compté ? La saleté féminine s’encrassait jusque-là ? Et cette petite aurait couru vers l’abîme, encore une fois prise du même vertige ? Allons Gérard, allons ! Ce n’est qu’un moment d’illusion — une blague. Oui elle aura voulu te faire peur. Et puis quoi, même si elle t’a plaqué… T’a-t-elle volé autre chose que ton cœur ?… Non — Eh ! bien pourquoi ces plaintes ? Mon Dieu, répétait-il, en passant sur son front une main fébrile et glacée, mon Dieu ! après deux pauvres mois de bonheur !…

Mais non, je vous le dis, mais non. — Elle va