Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/192

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marbre comme une abside de feuillage. L’odeur des jasmins, des gardénias, des roses et des verveines mêlait ses haleines subtiles à l’exhalaison de la terre mouillée. En longeant les murs, les jeunes gens aperçurent d’autres terrasses reliées par des escaliers, et qui, bordées de lauriers roses, s’avançaient vers la mer. Au loin, Capri dressait ses païennes cathédrales. Comme ils repassaient devant la première grille, une voix les héla, offrant de leur ouvrir. Ils acceptèrent. Alors, étant entrés, ayant suivi entre de hautes fougères arborescentes et des palmiers le chemin qui conduit vers l’ancien couvent, ils découvrirent, soudain, le cloître entrevu tout à l’heure, et que le soleil, à travers les branches mouvantes, mouchetait de taches claires. De même que partout ailleurs à Ravello, il semblait que personne jamais n’ait vécu là. Et pourtant, au milieu du fol enchevêtrement des glycines, des liserons, des bougainvillias et des roses, le patio ajouré et frais, autrefois bourdonnant de litanies, le patio évoquait je ne sais quelles Juliettes virginalement nimbées de clair de lune, ardentes au plaisir qui mène vers le suaire.

Leur guide, cependant, leur tendait un livre, les priant de signer. Une curiosité de gosse s’emparait de Hultmann, qui tournait les pages cherchant un