Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/193

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nom connu. Il n’avait pas viré trois feuillets qu’il refermait le cahier, pas assez tôt pourtant, pour que Gérard n’ait pas reconnu deux paraphes. Muriel et le prince étaient passés par ici.

— Est-ce que vous vous rappelez ces deux personnes ? questionnait Maleine calmement. Et du doigt il indiquait les noms sur le registre. Le jardinier ajustait de cocasses lunettes toutes rondes, des lunettes de Confucius, plutôt faites pour lire dans les plates-bandes le nom d’une fleur sur les étiquettes de zinc que pour déchiffrer des états civils.

— Comment donc ! si je m’en souviens ! répondait-il après un moment. « Una bella signora bionda », forte ma foi comme un « ragazzo… ». Accompagnée par son mari…

— Son mari ?

— Ou son « amante ». Ça je n’en sais rien… Ce que je sais c’est que j’ai eu toute une histoire avec eux… Vous les connaissez ?

— Oui, pas mal. Mais quelle histoire ?

— Voilà : il existe dans la maison une chambre qu’on montre quelquefois aux visiteurs. La chambre de l’Arétino remplie de peintures « del bel divertimento… ». C’était autrefois la chambre du Prieur, complète encore, avec le lit. Un Prieur très galant… Eh bien, je la montre au Signore et à la Signora. Il