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Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/213

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Miess sur la terrasse, en face de lui, et ils recommençaient leur bavardage. Miess parlait des heures passées, remuant des souvenirs à la pelle et fort mêlés, mais avec doctrine, sans émotion, et avec ce manque total de suite dans les idées qui faisait son charme. Maleine, très heureux de la distraction qui lui était offerte, s’illusionnait presqu’à en oublier momentanément son chagrin, et tout allait pour le mieux, quand le déjeuner terminé, rentrant dans la petite pièce fraîche aux murs peinturlurés qui servait de salon à l’artiste, Miess cueillit sur une table le portrait de Muriel. Il esquissa de nouveau un de ses sarcastiques et enfantins sourires. Il avait vu les fleurs qui lentement se fanaient autour du portrait aimé. Et sans savoir, innocemment :

— Mais tenez ! Voilà une des plus admirées péripatéticiennes de la côte d’Azur ! Vous connaissez Mimie Smile ? Un béguin ? Pas possible… J’ai fait sur elle de bien curieuses observations. Elle était avec Panier de Moisy, le poète rare qui, pour vermifuger avec moins d’efforts, prend à chaque repas un grain de Vals.

— Vous êtes fou, mon cher. Cette personne n’a rien de commun avec votre Mimie je ne sais quoi…

— Allons donc ! s’exclamait Miess avec un air